Marathon du Lac Baïkal
Marathon du Lac Baïkal: 1600m de profondeur sous vos tennis!
93 coureurs se sont élancés le 2 mars sur la surface gelée du plus grand lac d’eau douce au monde en Sibérie. Parmi eux une française Véronique Messina qui a eu quelques frayeurs…
La coureuse a également fait connaissance avec la fameuse symphonie du Lac Baïkal (les grondements et ondulations provoqués par le mouvement de la glace contre la rive)
Photo prise au milieu du parcours. Crédit image Véronique Messina
Froid et rafale atteignant 180 km/h
Un autre challenge pour Véronique. La température. Elle vit au Cambodge toute l’année, et même si elle a déjà couru dans des environnements extrêmes comme dans le désert de Gobi pour “L’Ultra Gobi Race” un Ultra de 400k qu’elle a remporté en 2016, c’était sa première expérience avec le froid extrême. .
“Je suis habitué aux hivers à 28 degrés depuis pas mal d’années! Cette année on annonçait -25 pour le départ. Finalement nous nous en sommes bien tirés. On a eu -8 et un vent quasi nul.”
La française termine 6e de l’épreuve. Malgré les frayeurs le Marathon du Lac Baïkal restera comme un de ses meilleurs souvenirs de course.
“Sur la première partie je suivais les autres coureurs. Mais quand les écarts se sont faits je me suis retrouvée. Il n’y avait personne dans mon champ de vision. C’était vraiment une sensation unique! J'étais seule dans ma bulle, j’avais l’impression d'être une cosmonaute.”
La météo est un élément particulièrement déterminant sur cette course. L'Épaisseur de la couche de glace (des trous dans la glace jalonnent le parcours et forcent les coureurs à dévier du tracé), le vent violent qui peut atteindre 180km/h! Chaque édition est unique et réserve son lot de surprises confiait Nikiforov le directeur de course au New York Times le 24 mars.
“L’an dernier le vent s’est soudainement levé pendant la course. Réduisant la visibilité à seulement quelques dizaines de mètres, de nombreux coureurs se sont perdus. Certains ont souffert de gelures très sévères. Nous avons dû faire évacuer tous les coureurs du lac en pleine épreuve.”
Chamanisme, tradition et défense de l’environnement
La promotion de la culture Bouriate est une part centrale de la course. Véronique a d’ailleurs pu faire connaissance avec une coutume locale surprenante.
“Le début de course commence par un rituel chamanique. On trempe son petit doigt dans un verre de lait on jette une goutte à chaque point cardinal, on boit une gorgée et on verse le reste sur la glace. Les locaux le font avec de la Vodka mais pour nous ils ont changé la recette!"
Cependant ce joyaux de l’orient Russe est menacé, depuis une quinzaine d’années par de nombreux problèmes environnementaux liés au développement des industries
Diminution des réserves halieutiques du lac (plusieurs espèces d’éponges indigènes ont déjà disparu). Propagation d’algues vertes sur toute la surface en été quand la température remonte.
Les usines de Tungstène sont les principales responsables de la pollution.
Le Baikal Ice Marathon a été créée en 2005, quand ces problèmes devenaient de plus en plus importants. La raison première de la création de la compétition était d’attirer l’attention des médias sur ces problèmes. Le slogan de la course est “Une course pour sauver l’eau de notre lac!” Nikiforov le créateur du marathon fait parti des figures locales du mouvement de défense du Lac.
Un mouvement qui a permis de faire prendre conscience aux autorités et médias russes de l’ampleur du problème. En 2017 Vladimir Poutine lors d’une réunion gouvernementale avait exigé que les entreprises reconnues coupables de polluer le lac soient punies.